Qui sommes-nous et quels sont nos objectifs?

Nous sommes un collectif de chercheurs réunis sous le label #covidrationnel.  Nous sommes une équipe interdisciplinaire principalement composée de professeurs et chercheurs d’universités belges.

La pluridisciplinarité permet d’éviter de tomber dans les pièges épistémiques propres à chaque “science”, et se révèle nécessaire pour appréhender une crise complexe telle que celle de la Covid-19.

Nous n’avons aucun intérêt personnel, aucun conflit d’intérêt, aucun agenda caché ou politique, notre démarche est purement indépendante et citoyenne, elle vise à donner une contre-analyse scientifique pluridisciplinaire, essayant de prendre en compte tous les aspects de cette crise et son impact sur *tous* les citoyens, ainsi que la société dans son ensemble. La science avance par confrontation des points de vue, et il nous a semblé qu’un discours plus systémique, faisant droit à la complexité et plus ancré dans les conséquences tant sanitaires que sociétales, était indispensable pour affiner les stratégies de réaction à la syndémie de Covid-19.  Nous nous rendons compte que les mesures actuelles ne portent pas les fruits promis pour de multiples raisons et nous souhaitons les rendre plus efficaces et efficientes, en prenant en compte la globalité de la société et les limites des données disponibles. Nous ne sommes donc ni rassuristes, ni alarmistes, simplement mobilisés par la nécessité d’un débat scientifique contradictoire, même, et peut-être surtout, en période de crise. 

Notre blog vise à apporter des éclairages, réflexions, questionnements ou solutions transversales et complémentaires sur la crise de la Covid-19 en Belgique.  Il ne s’agit pas de s’opposer pour s’opposer, mais de rendre compte le plus finement possible de la réalité de l’épidémie. Les articles sont d’ailleurs signés individuellement témoignant du débat qui habite notre communauté.  Le consensus scientifique naît de la confrontation des idées, des interprétations et des méthodes scientifiques. Or, les débats ont été relativement bridés depuis le début de la pandémie de Covid-19, empêchant cette approche citoyenne:

“Dans les logiques de préparation aux pandémies, largement développées depuis au moins la fin du XXème siècle, la question de l’articulation entre mesures publiques et privées, vie économico-sociale et besoins sanitaires est centrale, souligne Didier Torny. Cela nécessite de faire appel à une foultitude de savoirs, issus de la recherche (y compris l’économie, la sociologie, le droit, …) mais aussi de groupes professionnels, de syndicats, d’associations, d’entreprises. Pour la Covid, dans le monde, sauf exceptions, on a plutôt assisté à un resserrement des débats plutôt qu’à une inclusion de larges pans des sociétés, dans une logique d’ordre sécuritaire, laissant une faible place à ces expertises mixtes ou citoyennes. Les gouvernants ont donc peu facilité l’émergence de débats scientifiques, par exemple sur la santé mentale, la reconfiguration des flux économiques, la production locale des dispositifs de santé…” 

1https://www.lalibre.be/planete/sante/pression-vitesse-ce-qui-cause-les-querelles-d-experts-dans-le-covid-19-605ccf0c7b50a6051722f9bb

Nous travaillons collectivement, dans un large “think-tank” démocratique, auto-organisé, sans a priori ni dogmatisme (dans un sens comme dans l’autre).  Notre objectif principal est donc un questionnement critique multidisciplinaire, multi-facettes, et mû par l’intelligence collective et par les clés de toutes les sciences: doute, analyses pointues et transversales, confrontation des données et des hypothèses, peer reviewing. Nous avons sollicité dans cet esprit des points de vue parfois contradictoires et nous restons ouverts à l’inclusion de tous chercheurs ou chercheuses intéressé.e.s par cette dynamique.  

Les membres du collectif

Rédacteurs principaux

Raphaël Jungers

UCLouvain, modélisation

Je suis professeur de mathématiques appliquées à l’UCLouvain. J’ai aussi étudié ou fait de la recherche à l’Ecole Centrale Paris, au Massachusetts Institute of Technology, à la University of California Los Angeles, et à la Universita de l’Aquila. J’enseigne et je fais de la recherche dans le domaine des sciences de données, des systèmes dynamiques, et de l’intelligence artificielle. 

En particulier, je m’intéresse au contrôle des ‘systèmes cyber-physiques’: dans le jargon, on entend par là des systèmes dynamiques complexes, qui évoluent au cours du temps (comme une voiture qui évolue le long de sa trajectoire, ou comme un réseau électrique dont les sources d’électricité (les centrales), et les charges (tout ce qui utilise de l’électricité) évoluent au cours du temps). Dans de tels systèmes, l’ingénieur possède un ensemble de leviers, les ‘inputs’, et cherche à en déterminer les valeurs de manière à optimiser le fonctionnement de l’ensemble. Les systèmes cyber-physiques ont ceci de particulier qu’ils ont une composante physique (par exemple les équations du mouvement qui régissent le mouvement d’une voiture) et une composante virtuelle: ce sont les ‘datas’, qui peuvent prendre la forme de graphes, ou de suites de valeurs numériques, issues des composantes informatiques du système (par exemple la puissance des moteurs décidée par l’ordinateur de bord).

J’ai d’abord cherché à me rendre utile à la crise du covid via mon travail de chercheur, et j’ai conçu des modèles pour comprendre et prédire l’évolution de l’épidémie. J’ai aussi lancé avec ma compagne institutrice une plateforme d’apprentissage en ligne pour que les élèves de 6ème primaire puissent s’entraîner au CEB malgré le confinement. Enfin, au sein de Covidrationnel, j’essaie de mettre à profit mes disciplines de prédilection, la Science des données et le contrôle de systèmes dynamiques, tant à des fins de communication au grand public qu’à des fins de gestion de crise.


Elisabeth Paul

ULB, santé publique

Docteure en sciences de gestion et chargée de cours à l’Ecole de santé publique de l’ULB, je suis spécialisée en planification et évaluation des politiques de santé, en renforcement et financement des systèmes de santé et en santé mondiale. Je combine une carrière académique et sur le terrain, comme consultante et évaluatrice pour des organismes publics nationaux et internationaux, principalement en Afrique de l’Ouest.

Étant plongée depuis quinze ans dans les politiques de santé mondiale, je me suis naturellement intéressée à la pandémie de Covid-19 dès fin 2019. Cette crise révèle des tendances que je connaissais bien, mais qui se sont exacerbées et mondialisées: manque de préparation des systèmes de santé, faible gouvernance internationale et nationale, interactions d’enjeux financiers énormes, hospitalo-centrisme aux dépens de la première ligne, prépondérance des opinions des “experts” sur les savoirs des bénéficiaires, imposition de recettes théoriques sans prise en compte des contextes locaux, effets pervers de la gestion par indicateurs, accent sur les solutions technologiques et non sur les aspects sociaux et politiques des problèmes, recherche de solutions de court terme aux dépens des impacts et de l’efficience, absence d’évaluation des politiques publiques, non prise en compte des déterminants et causes profondes des problèmes, …

Après avoir écrit plusieurs articles critiques de la gestion de la pandémie au niveau mondial avec des collègues des quatre continents, j’ai rejoint l’équipe de Covidrationnel fin janvier 2021 pour poursuivre la réflexion au niveau belge et tenter de proposer des approches et des réformes fondées sur les bases probantes et les bonnes pratiques de la planification stratégique, et respectant les principes et valeurs fondamentaux de la santé publique: équité, approche systémique, prise en compte de tous les aspects de la santé.


Bernard Rentier

ULiège, virologue

Je suis biologiste (ULiège, 1970) spécialisé en virologie. Docteur en sciences biomédicales expérimentales (1976) après un séjour au NIMR (National Institute of Medical Research, Londres), j’ai effectué un post-doctorat aux NIH (National Institutes of Health, USA) de 1976 à 1981. Revenu à Liège, je suis devenu agrégé de l’Enseignement supérieur (1982), chargé de cours (1990) puis professeur ordinaire (1997), vice-recteur (1997-2005) et enfin recteur de l’Université (2005-2014). 

Mes travaux ont porté sur les virus influenza (grippe), de la rougeole, du SIDA, de l’hépatite et de la varicelle-zona.

Militant de la cause de l’accès ouvert et libre aux publications scientifiques, j’ai reçu en 2014 les insignes de Docteur Honoris Causa de l’Université du Québec à Montréal pour mon rôle de pionnier académique de l’Open Access. En décembre 2018, j’ai publié aux Éditions de l’Académie Royale de Belgique un livre intitulé : « Science Ouverte, le défi de la transparence » dont les versions électroniques française et anglaise ont été immédiatement téléchargeables en ligne gratuitement. Le livre a reçu le Prix 2019 du Livre Politique en Belgique. Membre de l’Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, je suis vice-président du Conseil fédéral belge de la Recherche scientifique.

Dans un autre registre, je préside la Société Libre d’Emulation de Liège,  l’Association des Amis de l’Université de Liège, les Grandes Conférences liégeoises, l’Orchestre de Chambre de Liège et le Concours de Piano de Liège. En août 2019, j’ai été élu président du Conseil de WBE (Wallonie Bruxelles Enseignement), le nouveau pouvoir organisateur de l’Enseignement de la Communauté Française de Belgique (anciennement « de l’Etat »). J’ai rejoint le groupe de CovidRationnel où j’ai rencontré des compétences pluridisciplinaires chez des personnes effarées de constater l’ampleur des effets des décisions de politique sanitaire et le manque de rigueur scientifique sur lesquelles elles se fondent. Je milite pour une approche proportionnée, segmentée et rationnelle de la lutte contre la pandémie et pour un abandon des mesures soi-disant égalitaires qui appréhendent toutes les situations et toutes les personnes de la même manière, indépendamment de leur niveau de risque. En tant que virologue, je ne puis cautionner les décisions basées sur le mythe déraisonnable d’une éradication du virus. Je plaide également pour que des leçons scientifiquement solides soient tirées de l’interminable crise sanitaire de 2020-2021 en vue d’une préparation sérieuse pour les futures grandes épidémies.

Bernard Rentier – Virologue – Lic. Biologie ULg 1970; Dr. Sc. Biomédicales Expérimentales ULg 1976; Research Associate NIH USA 1976-1981; Agr. End. Sup.ULg 1982; Prof ULg 1989-2014; Recteur ULg 2005-2014; Président WBE 2019-2021. Publications : https://orbi.uliege.be/browse?type=authorulg&rpp=20&value=Rentier%2C+Bernard+p001118


Mélanie Dechamps

UCLouvain – CU St Luc, intensiviste

Docteur en médecine en 2008, je réalise une spécialisation en médecine interne générale, médecine d’urgence et soins intensifs. Je travaille actuellement aux soins intensifs cardio-vasculaires des Cliniques Universitaires Saint Luc. Notre unité, comme les autres, a été fortement impactée par la pandémie de Covid-19 puisque d’une part nous assurons la gestion des patients les plus sévères sous assistance extra-corporelle, mais aussi parce qu’aux pics d’occupation nous avons été successivement unité Covid ou nous sommes devenu l’unité de soins intensifs généraux. Cette expérience de terrain me permet non seulement une  compréhension des aspects médicaux et organisationnels de la crise à l’hôpital mais aussi et surtout une lecture critique de ses aspects éthiques.

Par ailleurs, je suis  spécialiste doctorante au FNRS où j’étudie la fonction plaquettaire dans les infections sévères ce qui m’a amené depuis 1 an à rediriger mes recherches sur les phénomènes de “tempête inflammatoire” et de thromboses liés à la Covid-19.


Pierre Schaus

UCLouvain, modélisation et données

Professeur UCLouvain, Ingénieur Civil en informatique spécialisé en intelligence artificielle, analyse des données, optimisation et algorithmique. Mon équipe de recherche travaille à la fois sur des questions et méthodes fondamentales en machine learning et optimisation, mais aussi sur des problématiques très appliquées, impliquant l’analyse de données ou la modélisation de phénomènes tels que les migrations.

Dès mars 2020, j’ai mis à disposition mes compétences à l’analyse et la présentation des chiffres Covid. Je suis cofondateur avec Guillaume Derval du site covidata.be que je développe toujours activement. Ma journée commence avec une analyse des chiffres, et une analyse critique de l’évolution des tendances en Belgique et dans d’autres pays. 

Notre compte twitter @covidatabe associé et nos commentaires sur les chiffres ont inspiré de nombreux journalistes et m’ont permis d’être en contact régulier avec des experts médiatiques de cette crise.

Grand défenseur de l’open-data mais aussi de la vie privée, je me bats pour que la transparence soit faite sur les chiffres bruts et/ou agrégés du covid avec l’ensemble des chercheurs alors que de nombreuses données restent partagées à un petit groupe restreint.

Mes compétences en modélisation et  machine learning m’ont naturellement permis de comprendre finement les modélisations sur le covid et les limitations intrinsèques de ces approches (même si je trouve le domaine intellectuellement très intéressant). 

Je collabore d’ailleurs également avec des spécialistes sur le sujet sur la modélisation de l’impact des migrations.

Depuis un an, je lis énormément de publications sur le covid dans tous les domaines avec un attrait particulier sur les études liées à l’efficacité des mesures. 

Les plus grandes avancées des connaissances dans ce domaine ont été faites par des experts en analyse de données.


Christine Dupont

UCLouvain, bio-ingénieur

Après des études de bioingénieur, j’ai soutenu une thèse de doctorat puis poursuivi un parcours postdoctoral et de chercheuse qualifiée du FNRS dans le domaine des interactions entre le vivant et les matériaux, principalement pour des applications biomédicales. Je suis active dans un monde multidisciplinaire, où les (bio)ingénieurs côtoient les pharmaciens et les médecins. Depuis 2007, je suis professeur à l’UCLouvain, où j’enseigne dans le domaine de la chimie, des biomatériaux, des surfaces et des nanotechnologies. 

Je suis entrée dans cette crise par plusieurs portes. D’une part, en tant que vice-doyenne de ma faculté, j’ai très tôt été interpellée par la stigmatisation des jeunes mais aussi par leur sens des responsabilités. J’ai aussi eu constamment les mains dans le cambouis de la réorganisation de l’enseignement. D’autre part, constatant le manque d’équipements de protection, j’ai participé avec des collègues à un effort collectif de fabrication de solution hydroalcoolique et de visières de protection lors de la première vague. Au fur et à mesure de la crise, je me suis sentie de plus en plus mise en tension entre la légèreté des arguments scientifiques utilisés pour justifier les mesures, et la dégradation progressive des conditions d’enseignement et de vie pour la société en général, et de la santé mentale des étudiants. Maman de cinq enfants entre 10 et 23 ans, j’ai aussi dû constater le caractère inapplicable de beaucoup des mesures, ce qui m’a amenée à me questionner sur le volet répressif associé. 

Ayant eu différents engagements au service de la société (école, mouvement scout,…), je crois beaucoup aux solutions construites par les jeunes, les citoyens, les acteurs de terrain. A ce stade de la crise, j’aspire à ce que l’on abandonne la rhétorique anxiogène et culpabilisante au profit d’un retour à des analyses plus rationnelles, et à une gestion par le terrain et pour le terrain, ce qui nécessite que les acteurs soient sur le terrain. J’ai une longue expérience de la vulgarisation scientifique, et suis prête à me mettre au service de la communication vers le citoyen.

Je suis une amoureuse des chiffres et j’ai passé un nombre incalculable d’heures à lire et à tracer des graphes depuis un an, me penchant en particulier sur la question des biais d’échantillonnage et des transmissions entre générations. Je ne pense cependant pas que l’on puisse se satisfaire d’indicateurs chiffrés pour aborder la complexité de cette crise. Je suis donc ravie d’échanger avec des collègues de toutes disciplines au sein du collectif covidrationnel.


Yves Moreau

KULeuven, bio-statistique

Je suis  professeur d’ingénierie et de bio-informatique  à la KU Leuven. Je suis un scientifique engagé qui mène des recherches à l’interface entre l’intelligence artificielle et la génétique. Je m’oppose activement au développement rampant des technologies de surveillance de masse, en particulier au déploiement abusif des bases de données ADN médico-légales. Je suis également engagé dans une réflexion sur la façon dont les avancées technologiques façonnent notre société, et sur la manière d’éviter que la technologie n’exacerbe davantage les inégalités ou ne nous conduise à un effondrement écologique. J’encourage également les scientifiques et les ingénieurs à participer plus activement au débat social, au-delà de leur stricte expertise, mais de manière raisonnée.  J’ai été élu membre de l’International Society for Computational Biology (ISCB) en 2018 pour mes contributions aux domaines de la biologie computationnelle et de la bioinformatique.  Depuis le début de la pandémie je suis intervenu dans le débat public autour de la prise en compte des Sciences humaines dans la gestion de la crise, autour de la gestion des données et profilage des citoyens, et la dimension économique de la crise. Mon site web : https://www.yvesmoreau.net


Olivier Servais

UCLouvain, anthropologue

Je suis Professeur à l’Université de Louvain, à l’Université Saint-Louis-Bruxelles et à l’Institut des Arts de diffusion. Je suis historien et anthropologue des universités de Louvain et Paris-Sorbonne.  Docteur en anthropologie, j’ai réalisé ma thèse de doctorat sur les relations entre imaginaires sociétaux, croyances, et rapport à l’environnement dans des communautés amérindiennes du subarctique canadien. Après un post-doctorat au CIERA (Canada) en anthropologie de la nature, je suis devenu enseignant-chercheur à temps plein à l’UCLouvain où j’ai dirigé notamment deux gros projets de recherche (CUD) sur “Risques, Catastrophes socio-naturelles et résilience”, l’un au Guatemala et l’autre aux Philippines. Ces projets et d’autres financements ont débouché sur la réalisation de plusieurs thèses de doctorats que j’ai supervisé en compréhension des risques socio-naturels et sur les questions de résilience. De même je me suis intéressé aux résistances citoyennes en lien notamment avec les questions environnementales et notamment les phénomènes  NIMBY. Depuis 2010, je mène principalement des recherches sur les risques des usages intensifs du digital, notamment chez les jeunes. Depuis 1999, j’ai aussi publié une quinzaine d’articles sur les questions de mort, de gestion de la mort et de transformations symboliques de la mort dans les sociétés non occidentales ou en Europe. A partir de ces 3 entrées : risques et catastrophes, digital intensif des jeunes et gestion de la mort, je me suis intéressé à la pandémie Covid-19.  Je participe à un projet FNRS PER sur les origines  animales en Asie du Sars-CoV-2. J’ai co-coordonné avec Yves Moreau (KuLeuven) le manifeste, SOCIETAL EXIT FROM LOCKDOWN qui plaide pour une meilleure prise en compte des Sciences humaines dans la gestion de la pandémie. J’ai notamment co-édité le livre Masquer le Monde. Six points de vue d’anthropologues sur la pandémie, Academia, 2020. Par ailleurs, j’ai co-écrit avec François Gemenne (FNRS) le texte “la tyrannie du risque zéro”. 

(https://plus.lesoir.be/318833/article/2020-08-15/la-chronique-carta-academica-crise-du-covid-la-tyrannie-du-risque-zero). 


Erik Van den Haute

ULB, droit

Licencié en droit et en droit économique, je suis actuellement professeur en droit à l’Université libre de Bruxelles, professeur invité à l’Université Jean Moulin Lyon 3 et expert indépendant auprès de la section de législation du Conseil d’Etat. J’ai soutenu ma thèse de doctorat dans le droit européen et comparé. J’ai également travaillé pendant près de 20 ans comme avocat au barreau de Bruxelles.

Début juin 2020, j’ai commencé à œuvrer, avec d’autres collègues, pour un déconfinement des universités au regard des conséquences désastreuses pour les étudiants de l’enseignement en ligne. Très rapidement, cette première préoccupation s’est doublée d’une inquiétude grandissante quant au respect de l’Etat de droit et des libertés fondamentales. Le caractère totalement disproportionné de bon nombre de restrictions, le volet répressif de celles-ci et les conséquences à moyen et long terme des mesures prises depuis le début de la crise covid-19 sont à la base de mon engagement pour une approche moins anxiogène, plus rationnelle et interdisciplinaire dans le cadre de cette crise. 


Raphael Lefevere

U. Paris, probabilités

Je suis docteur en sciences. Après des séjours post-doctoraux à Helsinki et Kyoto, j’ai rejoint le laboratoire de probabilités, statistiques et modélisation (LPSM) au sein de l’université de Paris où je suis maître de conférences.  J’ai également été professeur invité à New York University Shanghai. Mes recherches portent principalement sur la mécanique statistique où l’on cherche à comprendre comment le comportement d’éléments microscopiques gouverne celui de certains phénomènes à grande échelle. Un exemple typique de ce genre de problèmes est évidemment la compréhension des phénomènes épidémiques. Alors que j’étais assez convaincu par la gestion publique de l’épidémie à ses débuts, j’ai été rapidement choqué par le contraste qu’il y avait entre le faible niveau scientifique du discours de certains experts et le niveau d’exigence des sacrifices demandés à la population. Ce sentiment n’a malheureusement fait que s’amplifier et m’a conduit à me rapprocher de collègues d’universités belges le partageant.


Vincent Laborderie

UCLouvain, politologue

Titulaire d’un doctorat en sciences politiques obtenu à l’UCLouvain, je suis Maître de conférences dans cette université depuis 2016. Je suis également chroniqueur régulier au quotidien L’Echo. Avant la crise de la Covid, je m’étais spécialisé dans les séparations d’Etats, les mouvements nationalistes régionaux en Europe et la politique et le fédéralisme belges. Le confinement m’est tombé dessus, comme chacun d’entre nous, en mars 2020. Depuis lors, je ne cesse de réfléchir à cet événement, devenu situation permanente, que l’on peut qualifier de “phénomène social total”, tant il impacte tous les aspects de notre vie, tant individuelle que collective. Mes recherches portent aujourd’hui sur les politiques de lutte contre la Covid dans d’autres États européens. J’ai trouvé avec Covid rationnel des universitaires partageant la même approche critique, et surtout un groupe me permettant d’avoir une vision multidisciplinaire pour une crise multidimensionnelle.


Vinciane Debaille

FNRS-ULB, géochimie

Maître de recherche FNRS à l’ULB, je suis spécialisée en géochimie, c’est-à-dire l’analyse chimique d’échantillons géologiques. Travaillant avec des échantillons précieux, parfois uniques sur Terre pour étudier la naissance du système solaire, mais également avec des missions spatiales, nous développons des protocoles chimiques permettant des analyses de haute précision au laboratoire, ce qui nécessite pragmatisme et efficacité. Je jongle également avec des thèmes de recherche transversaux, telle que la recherche de vie extraterrestre. Par ailleurs, mon expertise en chimie analytique m’a ouvert les portes d’autres disciplines plus proches du domaine biomédical. Depuis un an maintenant, je me suis plongée dans la littérature scientifique autour du covid (épidémiologie, immunologie, mesures de protection non-pharmaceutique, …). Je ne suis évidemment pas devenue experte de ces sujets, mais j’ai ainsi acquis une culture générale multidisciplinaire qui m’a fait m’interroger quant à l’incohérence et l’inefficacité de certaines mesures qui nous sont imposées depuis un an. Par ailleurs, lors de la session d’examen de janvier, j’ai vécu en direct la détresse émotionnelle de certains étudiants. Je me suis dit qu’il était temps d’aider ceux qui sont devenus les oubliés de la crise, en me rendant compte qu’ils sont, en fait, de plus en plus nombreux, malgré les messages de solidarité du gouvernement. J’essaie d’apporter un regard extérieur et rationnel de scientifique généraliste.


Guillaume Derval

UCLouvain, informatique et data science

Ingénieur civil informaticien, spécialisé en intelligence artificielle et mathématiques appliquées, je poursuis actuellement une thèse de doctorat à l’intersection entre l’optimisation combinatoire et l’analyse de données. Mes recherches et intérêts personnels m’ont également mené vers d’autres domaines, comme l’apprentissage automatique (machine learning) et les systèmes d’information géographique (GIS).

Assistant à l’UCLouvain, je participe à l’enseignement aux ingénieurs civils dans plusieurs cours d’intelligence artificielle et ai enseigné le cours d’algorithmique aux étudiants de 3e bac. Je suis très investi dans la partie éducative de mon métier.

Je mène un combat pour l’open science, l’open data et le droit à la vie privée depuis plusieurs années, combat que la crise actuelle a exacerbé. Militant dès les premiers jours pour l’ouverture des premiers ensembles de données belges concernant la pandémie, j’ai créé avec Pierre Schaus le site Covidata.be fin mars 2020, afin d’analyser et recouper les données accessibles. Le tout dans le but de participer à l’effort collectif contre le virus, et de créer du débat, scientifique comme politique.

Au cours de cette crise, je me suis souvent retrouvé en désaccord avec la manière dont étaient présentées les données, avec certaines mesures ou avec la rétention de données faites par certains opérateurs publics. J’ai souvent été désemparé de constater que certaines mesures possédant un coût faible voire nul pour un gain important n’étaient pas prises. Le testing rapide et le sampling aléatoire sont mes principaux chevaux de bataille.

Je me suis retrouvé lors de crises passablement démuni sur certaines questions médicales, de santé publique, ou encore économiques. J’ai rejoint donc covidrationnel en février 2021 pour profiter de l’aspect fortement interdisciplinaire de l’équipe et apporter ma pierre à l’édifice. Les différents points de vue des membres de l’équipe permettent d’avoir un point de vue plus global sur la gestion de la pandémie en Belgique.

Ma contribution à covidrationnel est autant technique que scientifique: de l’analyse de données à la modélisation en passant par la création de graphiques et le maintien du site web.


Martin Buysse

UCLouvain, physicien

Docteur en sciences et romancier, j’ai été directeur d’implantation et vice-doyen de la faculté d’architecture de l’UCLouvain, où j’enseigne la géométrie et l’analyse. J’ai également assumé une charge d’enseignement à l’université de Bukavu, à l’ULB et aux FUCaM. Ma thèse portait sur les paramètres libres du Modèle standard des particules élémentaires et des interactions fondamentales. La réponse de nos sociétés à l’épidémie de coronavirus m’a conduit de la surprise à la révolte. Cette année, j’ai appris qu’à défaut de connaissance, on peut invoquer une croyance, la brandir et l’élever au rang de science face à l’inconnu : science du lockdown, du shutdown, de la distance sociale, du couvre-feu, des bulles de gens, du papier collant, du bandana & du plexiglas. En dérivant de cartes blanches en feux d’artifice, j’ai fini par échouer sur une île où l’on cultive le doute, la raison et la bienveillance au service de l’intérêt général, j’ai nommé : #covidrationnel !


Denis Flandre

UCLouvain, nano- et bio-électronique

Professeur à l’UCLouvain, ingénieur civil, docteur en sciences appliquées, spécialisé en dispositifs électroniques. Ma discipline m’a conduit à réaliser des recherches transversales, depuis plus de 20 ans, avec des experts de sciences et applications très diverses, de l’aérospatiale à la biochimie … jusqu’aux sciences (bio)médicales, alliant expérimentations et modélisations. Dans ce cadre, j’ai notamment mené des projets interdisciplinaires, portant sur des capteurs, à très grande sensibilité, de reconnaissance et quantification de concentrations d’ADN ou de bactéries spécifiques. J’ai collaboré avec des médecins et biologistes de renom, ainsi qu’avec des entreprises produisant des tests ADN et rapides (avec qui je n’ai plus de conflits d’intérêt). Je suis actif tant en recherche dite fondamentale, par exemple orientée vers les nano(bio)technologies, qu’en recherche dite appliquée et développement de solutions, visant le transfert industriel ou la création de start-ups. Je suis titulaire de cours de base en Bac où pédagogie et méthodologie sont cruciales, de cours très spécialisés aux niveaux Master et doctoral et d’un séminaire d’industrialisation de technologies avancées. Ce parcours de recherche et d’enseignement très diversifié m’a permis de développer une approche généraliste et transversale de mon métier et de mes connaissances, mais toujours avec une même ligne directrice, la rigueur scientifique. A partir de fin octobre 2020 et la fermeture complète de nos auditoires universitaires, en l’absence de toute preuve de contaminations en leur sein et en face de l’évidence, qu’au contraire, la 2ème vague refluait, je suis entré en dissonance cognitive entre, d’une part, mes propres connaissances et observations, et d’autre part, le discours officiel présenté dans les médias. Cela m’a conduit à rejoindre le collectif Covidrationnel pour y apporter mes expertises généralistes et analytiques, concernant, par exemple dans cette crise, l’observation et la modélisation de phénomènes dits exponentiels, les sensibilités et limites d’utilisation des différents types de tests…   


Olivier Lhoest

CHC Mont Légia, anesthésiste réanimateur

Chef de service associé du service d’anesthésie-réanimation CHC Liège. Membre du conseil médical du CHC Liège et membre de la direction des quartiers opératoires du CHC Liège. J’ai vécu en plein cœur du système hospitalier le premier pic de mars 2020 ainsi que le deuxième pic d’octobre 2020. J’ai participé activement à la réorganisation du bloc opératoire et à la transformation de la salle de réveil en salle de réanimation lors des 2 pic épidémiques et à la création de protocoles de prise en charge des patients covid au bloc opératoire en fonction de l’avancement des recommandations. Observateur assidu de l’évolution des connaissances du coronavirus 19 et de ses réelles implications en milieu hospitalier.


Pierre-François Laterre

UCLouvain, CU St Luc, intensiviste

Professeur de Médecine à UCLouvain, Chef de service des Soins Intensifs aux Cliniques Universitaires St Luc à Bruxelles. Je travaille en Soins Intensifs depuis plus de 30 ans et ai pu travailler en France, Italie, à Londres et à Johns Hopkins dans ce même domaine. En 2014 et 2015, j’ai été président de la Société de Réanimation de Langue Française(SRLF). Dans le cadre de cette pandémie, j’ai été rapidement confronté avec l’équipe,  à la prise en charge de patients en conditions critiques ainsi qu’à de nombreux décès. Les contacts avec ces patients et leurs familles m’ont permis de voir la fréquence avec laquelle la précarité et la promiscuité avaient pu jouer un rôle dans leur maladie. Une fois les deux premiers mois de cette crise passés, j’ai aussi été frappé par les dégâts collatéraux liés aux restrictions et mesures prises pour prévenir de l’extension de l’épidémie. Le but initial louable d’éviter la saturation des Hôpitaux ayant été atteint, il y avait lieu de maintenir des mesures mais ces dernières devaient pouvoir se montrer efficaces et validées par un travail scientifique rigoureux, ce qui ne fut pas le cas. En outre, la détresse des adolescents et des enfants limités dans leur scolarité, contacts et loisirs, à un âge où l’on construit sa vie, m’a bousculé. Et finalement, retrouver dans ma rue une file d’attente devant une banque alimentaire, constituée essentiellement de jeunes, m’a secoué, moi privilégié à tout point de vue. Plongé à la fois dans la recherche de traitements potentiellement efficaces, et voyant la poursuite de mesures prises sans suffisamment de fondement et causant plus de dégâts que de vies sauvées, j’ai rejoint Covidrationnel, composé de scientifiques de tous horizons pour poursuivre les analyses et proposer des approches alternatives à celles imposées.


Quentin Louveaux

ULiège, mathématiques appliquées

Je suis professeur de mathématiques appliquées en Faculté des Sciences Appliquées de l’Université de Liège. J’ai aussi été chercheur à l’Université de Magdebourg, à l’EPFL à Lausanne et professeur invité à l’Université de Californie à Davis. Mon domaine de recherche est en premier lieu les aspects théoriques et applicatifs de l’optimisation mathématique et en particulier de l’optimisation discrète. Cette discipline me permet également de participer à des projets interdisciplinaires allant de l’analyse de données techniques ou médicales, au domaine de l’énergie en passant par l’intelligence artificielle. Père de trois fils, dont un souffrant d’un handicap rare, je me suis assez vite rendu compte de la difficulté d’appliquer des mesures pensées pour des images…


Lieven Annemans

VUB, Health Economics

Lieven Annemans is Senior Full Professor of Health Economics at the faculties of medicine of the Vrije Universiteit Brussel and at Ghent University. He conducts research related to health promotion, health technology assessment, epidemiological models, financial incentives in healthcare, and the factors that can improve overall well-being. He is Past-President of ISPOR (International Society of PharmacoEconomics and Outcomes Research) was chairman of the Flemish health council, and is currently chairman of the Flemish comité for societal revival. He received twice the Francqui Chair, a Belgian award for academic excellence. He is author or co-author of > 300 papers in peer-reviewed journals and published four books on health economics, among which “health economics for non-economists” (Pelckmans Pro, 2018). Recently he published the book “Geluk vinden zonder het te zoeken” (finding happiness without pursuit) [only in Dutch].


Jacques Folon

ICHEC, droit

Titulaire d’une licence en droit et en droit fiscal, d’un executive master en management public et d’un doctorat en sciences politiques et sociales, je suis professeur à l’ICHEC et professeur invité à l’USaint Louis et à Rennes School of Business. Mon principal axe de travail est la protection des données personnelles. Depuis le début de la pandémie, j’ai été frappé par le non respect par nos gouvernements des droits fondamentaux, des avis du Conseil d’Etat et de l’Autorité de Protection des Données et même un certain mépris face aux décisions judiciaires. Les plaintes contre l’Etat tant devant les cours et tribunaux belges que devant la Commission Européenne ont montré un danger réel d’atteinte à nos libertés. J’ai écrit plusieurs tribunes libres et participé à plusieurs émissions de radio et télévision pour tenter d’attirer l’attention du public sur ces dérives et apporter ma pierre à la défense de nos droits fondamentaux. Je souhaite continuer à défendre de façon ferme nos droits et libertés et participer à une approche scientifique rationnelle et pluridisciplinaire des modes de gestion de cette crise.


Nicolas Vermeulen

FNRS-UCLouvain, sciences psychologiques

Après avoir défendu sa thèse en 2005, Nicolas Vermeulen est depuis 2010 Chercheur Qualifié au FNRS au sein de l’Institut de Recherche en Sciences Psychologiques (IPSY) à l’Université catholique de Louvain (UCLouvain). Il est Professeur en première année de psychologie (Bachelier 1) à l’UCLouvain où il initie les étudiants, entre autres, au fonctionnement de l’Attention et de la Conscience. Depuis 2015, il préside également les réunions mensuelles de la commission d’éthique de l’institut IPSY. A l’aide de paradigmes et théories issus de la psychologie cognitive, ses travaux principaux portent sur la Conscience ainsi que sur l’influence que peuvent avoir des différences individuelles (attention, personnalité, humeur) et des contenus/significations (valeur émotionnelle des informations) sur la conscience. Depuis peu, il étudie également le libre arbitre (Free Will) ainsi que le déni du changement climatique. Il a rejoint la Team CovidRationnel après avoir publié plusieurs opinions sur certains biais psychologiques observés durant la crise du Covid-19.

https://www.researchgate.net/profile/Nicolas-Vermeulen-2/research

https://www.lalibre.be/debats/opinions/2020/04/30/pourquoi-avons-nous-accepte-le-confinement-au-nom-de-la-science-656XAONFURFQRARBOHIOSYWCOQ/

https://www.lalibre.be/debats/opinions/2021/01/10/bonnes-resolutions-2021-et-si-on-osait-douter-un-peu-de-nos-certitudes-U6OVIWHKK5AF5CWKOZIOXAF25Q/

https://www.lalibre.be/debats/opinions/2021/07/31/pandemie-et-infodemie-la-terreur-de-vivre-au-temps-dun-coronavirus-7UWAFQNNGBCXTHGD4ZJICHCW74/

David Doat

UCLille et UNamur, philosophe

Diplômé en Philosophie et agrégé de l’Université Catholique de Louvain, Docteur en Philosophie de l’Université de Namur, je suis Maître de conférences, membre du Laboratoire ETHICS (EA-7446) de l’Université Catholique de Lille, et depuis 2016 titulaire de sa Chaire « Ethique, Technologie et Transhumanisme(s) » (2016-2020). Je suis également chercheur associé à ESPHIN, l’espace philosophique de l’Université de Namur, et membre de la Society for Philosophy and Technology.

Je dirige actuellement une équipe de recherche pluridisciplinaire (philosophie, éthique, socio-anthropologie, droit, histoire, sciences de l’ingénieur) dédiée à l’étude critique des imaginaires sociotechniques et des questions éthiques et philosophiques soulevées par le développement des interfaces humains/machines (IA, robotique, prothèses, implants neuromorphiques, etc.), et plus largement des moyens anthropotechniques (pharmaceutiques, biologiques, mécaniques, numériques) de modification de l’humain, avec leurs conséquences dans les domaines de la santé, du social, du politique et de la vie économique. Mon angle de recherche sur ces questions est anthropologique et éthique. Ayant consacré ma thèse de doctorat au concept de vulnérabilité et aux origines évolutionnaires des comportements et techniques de soin au sein des groupes humains, je m’intéresse tout particulièrement à la façon dont, dans toute situation concrète, la technologie « capacite » l’humain tout autant qu’elle le « vulnérabilise », ainsi qu’au questionnement éthique et philosophique qu’exige toute évaluation de balance bénéfice/risque en cette matière.

L’arrivée de la pandémie m’a inévitablement conduit à prendre pour objet d’étude, lors des premières vagues, la question des technologies de traçage numérique qui se sont développées à l’échelle internationale comme des outils possibles de suivi de contacts et de gestion de crise. J’ai co-dirigé sur ce sujet une étude pluridisciplinaire internationale, intitulée Technology Governance in a Time of Crisis – Covid-19 Related Decision Support, parue en 2020. La succession des confinements et des réactions sociétales à SARS-COV-2 et la covid-19 m’ont amené à travailler tout particulièrement la question des imaginaires collectifs de la crise pandémique (l’imaginaire de la guerre, l’imaginaire des sociétés de surveillance, l’imaginaire complotiste, l’imaginaire de nos relations à la nature, l’imaginaire du soin, etc.) et la façon dont les représentations et les croyances collectives affectent les perceptions et les émotions, les comportements sociaux, les normes éthiques et juridiques, et les choix politiques opérés pendant la pandémie. En lien avec cette recherche, nous avons organisé avec des collègues universitaires plusieurs journées d’études et colloques. J’ai codirigé un ouvrage paru en janvier 2022, portant pour titre L’avenir : critique, résistance, utopie, aux éditions Peter Lang.

Avec la mise en place du CST en Belgique et du pass sanitaire en France, la vaccination des enfants et la perspective d’un projet de loi portant sur la vaccination obligatoire des soignants et de l’ensemble de la population adulte, mes recherches portent actuellement sur les problèmes sociaux et éthiques majeurs que comportent de telles mesures au regard des principes éthique de non-discrimination, d’égalité, de non-malfaisance, d’autonomie, d’intégrité physique, de justice, de responsabilité, de bienfaisance, de proportionnalité, de solidarité, d’efficacité, de nécessité, et de consentement libre et éclairé. La réalité de la pandémie (ou plutôt syndémie) de covid, la composition de la population à risque, et les caractéristiques des vaccins anti-covid actuels ne permettent pas de soutenir au regard de ces principes les mesures envisagées. Je m’efforce donc de comprendre les raisons pour lesquelles les autorités de notre pays persévèrent malgré tout dans une voie rationnellement et éthiquement injustifiable.

Jean-Marc Sparenberg

ULB, ingénieur physicien

Ingénieur physicien de formation, je suis professeur de Physique
quantique à l’École polytechnique de Bruxelles (ULB). Si je n’ai pas de
compétences particulières dans les domaines liés à la pandémie, mon
expérience de chercheur me permet néanmoins de faire la distinction
entre les faits scientifiques établis et la science en construction,
avec ses doutes, ses controverses… et ses passions!

Grand amateur de solutions politiques simples à des problèmes compliqués
(revenu universel, Espéranto, open science…), je me sens en revanche
très en porte-à-faux par rapport aux “solutions” simplistes apportées à
la crise sanitaire. Ces mesures (confinements, fermetures d’écoles,
vaccination aveugle, covid safe ticket…) me semblent liberticides,
discriminatoires, voire dangereuses. Elles mériteraient de solides
justifications scientifiques alors qu’elles concernent justement des
questions (modes de transmission du virus, innocuité et efficacité des
vaccins…) pour lesquelles le manque de consensus scientifique devrait
plutôt appeler à une extrême prudence.

Également enseignant d’arts martiaux et de santé chinois (Tai Chi Chuan,
Qi Gong, méditation) depuis 25 ans, je suis partisan de solutions
respectueuses de la personne humaine, basées sur l’éducation, la liberté
et la responsabilité de chacun-e. Les prises de position de
#covidrationnel m’ayant apporté un énorme soutien, tant scientifique que
moral, j’ai décidé d’y apporter ma contribution en tant qu’enseignant
scientifique, que relecteur critique, et que représentant d’une partie
de la population que j’estime actuellement sous-représentée dans le
débat public.

Et des reviewers dont : 

Frédéric Laugrand (UCLouvain, anthropologue), Isabelle Thomas (UCLouvain, géographe), Damien Ernst (ULiège, ingénieur), Emilie Corswarem (ULiège, art et culture), Lieven Annemans (U. Gent, économiste de la santé), Philippe Baret (UCLouvain, bio-ingénieur), Marc Bourgeois (ULiège, juriste), Quentin Louveaux (ULiège, ingénieur), Nicolas Thirion (Droit, ULg), Nicolas Vermeulen (Psychologie, UCLouvain), Gilles Berger (Pharmaco-chimie, ULB)