Je ne connais personne ayant respecté les règles Covid pendant les fêtes.

Ceci est une carte blanche

Elle est l’opinion libre de son auteur. Elle se fonde sur les analyses du blog et d’autres données scientifiques, mais ne se veut pas aussi factuelle et sourcée que les autres articles de ce blog.

Laissez-moi commencer en mettant les pieds dans le plat : Hormis les personnes en maison de repos, je ne connais pratiquement personne de mon entourage qui, libre de me dire la vérité, me dit avoir respecté toutes les règles Covid pendant les fêtes.

Mieux encore, ce sentiment de déconnexion est largement partagé. Il est bien-sûr quelques connaissances un peu plus « tendues » ou « respectueuses » sur la question… de quoi faire une très nette minorité.

Parmi les gens qui se sentent en confiance pour dire ce qu’il en est vraiment, on peut distinguer trois catégories : 1) Les personnes qui prennent des libertés plus ou moins importantes en fonction de leur situation personnelle, depuis “l’invité en trop” jusqu’aux “grosses teufs” en passant par la visite des dix-neufs petits-enfants au grand complet 2) Les personnes qui ne prêtent plus attention (sinon pour éviter une amende) à des règles jugées  « ridicules et inconstantes » et 3) les personnes qui, en raison de leurs convictions personnelles ou simplement du comportement de l’Etat, sont entrées en rébellion plus ou moins ouverte contre sa « dérive totalitaire ».

Il convient de rester prudent avec un vécu personnel, qui peut être biaisé ou non représentatif. Il me semble cependant ne pas être le seul à observer ce contraste entre ce que je vois et entends, et d’autre part le discours dominant parmi les « respectistes ». A en croire ces derniers, les rebelles « noëllistes » ne seraient qu’une minorité irresponsable et invisible. Plus frappant encore : ma constatation empirique est en contradiction radicale avec les chiffres officiels, suivant lesquels 20% de personnes ne respectent pas les règles et la population s’est « bien » tenue à Noël.*

On notera d’ailleurs l’étonnante félicitation en forme d’aveu d’Yves van Laethem. D’après lui, le téléphone de 28% des Belges est resté à la maison le jour de Noël. Nous ne saurons jamais ce que signifient exactement ces données, puisque Sciensano ne les publiera pas. Néanmoins, on se demande toujours par quel miracle de modélisation le fait que les téléphones de 72% des Belges ont été de sortie le 25 décembre (pour aller, j’imagine, chez les 28% restants) serait une indication forte que seule une infime minorité de Belges a bravé les interdits sanitaires.

Il n’y a qu’un nombre limité d’explications rationnelles possibles à cette contradiction.

Première explication possible : Je vis dans une bulle. Mon cercle de connaissances constitue une population nettement plus critique/ naïve/ égoïste/ altruiste/ démocratique/ jeune/ irresponsable/ intelligente/ complotiste que le reste des Belges (biffer les mentions inutiles suivant votre propre point de vue). Il est vrai qu’on y trouve majoritairement des familles, jeunes et/ou avec enfants, plutôt plus religieuses, plus sensibles à la culture et moins aux compétitions sportives que la moyenne de la population. Ces profils pourraient avoir des raisons objectives de faire partie d’une des catégories décrites ci-dessus.

Si cette explication est exacte, cela voudrait dire que ces personnes seraient 4 à 5 fois moins enclines que les autres à suivre les règles. Quoi qu’on pense de cette attitude, cela signifierait l’existence d’un fossé pratiquement insondable entre une partie de la jeunesse et/ou des familles et/ou des populations plus religieuses et/ou plus cultivées avec le reste de la population. Ce qui serait un fait grave en soi.

Seconde explication possible : Les personnes qui respectent les règles sont une minorité surexposée, mais vivent dans une bulle. L’injonction en faveur des règles Covid est devenue tellement intransigeante, moralisante, intolérante, bornée et répressive que le commun des mortels a renoncé au débat moral et garde pour lui ce qu’il fait en réalité. « Attends, je vais t’expliquer comme ça marche dans la vraie vie… » lance-t-il dorénavant à ses proches ou ceux qui l’ont mis en confiance. Désormais, il ferme ses volets tous les soirs pour protéger son salon des regards indiscrets, et se méfie d’une virocratie rigide et son armée de sycophantes et de talibans des règles sanitaires.

Si cette explication est exacte, cela signifierait qu’une nouvelle morale publique et ses inévitables thuriféraires étouffent la majorité de la société par de grands dogmes sanitaires… Un beau retour dogmatique, à cela près que les dogmes religieux se basent au moins sur une forme de transcendance, au contraire des dogmes civils, qui invariablement ont débouché sur une forme de dictature.

Troisième explication possible : Le gouvernement vit dans une bulle. Les fameux 20% de personnes qui ne respectent pas les règles sont au mieux un paramètre que de zélés modélisateurs ont sélectionné pour faire coller leur modèle génial à la tendance observée. Au pire, c’est une invention pure et simple pour excuser les échecs de la force publique, désigner les rebelles à la vindicte populaire et légitimer la délation et l’action virile d’un pouvoir qui a perdu les pédales.

Enfermé dans un tunnel cognitif qui ne voit plus que la technocratie dont il s’est entouré ;  s’imaginant que Twitter est représentatif de la société ; imbu des principes qu’il a édictés et est incapable de remettre en question, le gouvernement est sincèrement convaincu qu’il agit pour le Bien Commun et que le citoyen lambda le soutient. Ce dernier a quant à lui cessé d’écouter. Dorénavant, il fait le gros dos et vit comme il l’entend. Le discours de l’Etat est devenu une parole vide, qui ne tient que par elle-même et tombe dans le puits de l’oubli aussitôt énoncée.

Si cette explication est exacte, cela signifierait que notre régime touche à sa fin. Soit parce que l’Etat, mieux informé que les citoyens, n’est pas parvenu à les faire adhérer à sa politique vaincue par les obscurantistes, soit parce que l’état a été incapable d’abandonner une technocratie hypertrophiée et succombé à l’appel sécuritaire et anxiogène au lieu de respecter le peuple, ses libertés, de faire confiance à sa responsabilité et son intelligence.

Alors, qui vit donc dans une bulle ? Et bien je vais m’avancer un petit peu : Je pense que les trois options sont en partie vraies.

La crise Covid, entre autres conséquences désagréables, a mis sous pression et forcé l’ensemble de la société à se prononcer sur des questions fondamentales. Ce faisant, elle a aggravé les biais préexistants, créé de nouveaux clivages et aggravé ceux qui existent déjà. Dont les trois problèmes liés que je viens de décrire : 1) Des pans entiers de la société en divorcent petit à petit 2) une morale publique étouffante et qu’il est interdit de contredire domine le débat public et impose le dogme civil et 3) un état technocratique hypertrophié s’imagine être le seul à pouvoir régler de plus en plus de problèmes, de plus en plus exclusivement et surtout : de plus en plus mal.

Et vous, dans quelle bulle vivez-vous ?

Auteur:
Joseph Junker (Ingénieur civil et cadre dans une société privée)

*On ne manquera pas d’observer que d’après les simulations, respecter les consignes était nécessaire pour éviter une troisième vague (voir en p7). Ces scénarios n’ayant pas eu lieu malgré le nouveau variant du Loch Ness, les infâmes skieurs et 60% de tests en plus, nos autorités ne peuvent que conclure que les règles ont été respectées. (ne riez pas trop, je crains par moment que ce sarcasme ne soit pas si éloigné que ça de la Vérité).

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