23 mars 2021 – Communiqué du collectif #covidrationnel

Nous ne comprenons pas l’emballement médiatique suscité par l’évolution des chiffres des derniers jours et les discours appelant à un nouveau confinement strict et rapide. Nous nous alarmons des conséquences qu’il pourrait avoir sur l’évolution de l’épidémie elle-même, la santé au sens large, la cohésion sociale et l’ordre public.

La tendance haussière de l’occupation des lits d’hôpital et du taux de positivité, observée ces dernières semaines, est effectivement continue, mais lente (12% entre les deux dernières semaines). Pour l’heure, cette hausse ne permet aucunement d’entrevoir l’amorce d’un comportement exponentiel. En outre, nous nous trouvons en sous-mortalité globale depuis janvier 2021. Au cours des derniers mois, la mortalité Covid est sans commune mesure avec celle que nous avons connue en 2020. La maladie est de mieux en mieux prise en charge. L’impact de la vaccination (en particulier dans les maisons de repos) se fait déjà sentir, et complète celui de l’immunité partielle acquise par contact avec le virus. À cela s’ajoute l’arrivée du printemps et ses effets bénéfiques sur la plupart des infections respiratoires et sur nos modes de vie. 

Malgré une situation épidémique préoccupante, sur base de nos analyses, nous proposons à nos gouvernants six recommandations que nous estimons plus efficaces qu’un lockdown pour contenir l’épidémie, à court et moyen termes. Avec le rappel des mesures barrières et de distanciation physique, de l’évitement des contacts à risques et de l’importance de l’aération des espaces intérieurs, les trois mesures suivantes permettraient de répondre à la croissance actuelle plus rapidement et efficacement qu’une réduction supplémentaire des activités permises :

(1) renforcement substantiel de la sensibilisation, prévention proactive et prise en charge précoce pour les publics les plus vulnérables non vaccinés (fourniture de masques FFP2, intervention des généralistes, etc.); décentralisation par délégation aux acteurs de terrain (généralistes, assistants sociaux, éducateurs, enseignants);
(2) maintien des écoles ouvertes et des stages pour enfants pendant les vacances de printemps, notamment pour éviter que les enfants ne soient gardés par les grand-parents;
(3) utilisation de tests rapides antigéniques pour détecter et isoler les personnes contagieuses en 15 minutes. 

Par ailleurs, en fonction de l’évolution des indicateurs, reprise progressive du déconfinement annoncé – avec, pour conséquence probable, la réduction des risques de contamination en milieux confinés :

(4) réouverture de toutes les infrastructures permettant les activités en plein air, terrasses comprises, pour éviter les concentrations sauvages et plus dangereuses sans mesures sanitaires;
(5) réouverture balisée des établissements d’enseignement supérieur à 50%, pour offrir un cadre structuré aux étudiants et à leurs réseaux de contacts réels;
(6) réouverture des lieux culturels et salles de sport avec jauges et protocoles appropriés.

En revanche, un nouveau lockdown “dur” entraînerait des conséquences en cascade en matière de santé (physique et mentale: sédentarité, isolement, stress et carences en fin de période hivernale), d’économie (accroissement de la précarisation galopante et aggravation du déficit public) et de cohésion sociale (perte d’adhésion, désobéissance civile et rébellion). 

Signatures (par ordre alphabétique)

  • Martin Buysse, UCLouvain
  • Emilie Corswarem, ULiège
  • Vinciane Debaille, ULB
  • Christine Dupont, UCLouvain
  • Denis Flandre, UCLouvain
  • Raphaël Jungers, UCLouvain
  • Vincent Laborderie, UCLouvain
  • Jean-Louis Lamboray, Mahidol University, Bangkok
  • Pierre-François Laterre, UCLouvain – Cliniques Saint-Luc
  • Raphael Lefevere, Université de Paris
  • Olivier Lhoest, CHC Liège
  • Irène Mathy, USLB
  • Elisabeth Paul, ULB