Le faux dilemme sanitaire

Le faux dilemme est une stratégie de manipulation qui consiste à faire accepter en douceur l’option A, en indiquant qu’il n’est possible de choisir qu’entre A ou B, B étant en fait une option imbuvable. Il s’agit en d’autres mots d’une tactique de choix forcé entre deux alternatives, dont l’une semble beaucoup moins envisageable ou supportable que l’autre. Ainsi, les victimes de cette tactique, pensant avoir le choix, se précipitent vers l’option A, la moins insupportable, comme prévu. Un effet de contraste pervers vient du fait que l’option B étant insupportable, plus personne n’envisage une possible option C afin d’échapper à l’option insupportable, l’option A étant donc adoptée. En langage covidien, ce faux dilemme se présente aujourd’hui sous la forme du choix entre un passe sanitaire ou un nouveau confinement. Les précédents confinements nous ayant profondément traumatisés, non seulement socialement, émotionnellement mais aussi parfois économiquement, n’importe quelle personne sensée se dirigerait donc inexorablement vers le choix du passe sanitaire qui paraît comme plus acceptable.

Cet état émotionnel négatif qui est le nôtre depuis un an et demi maintenant nous empêche ainsi de penser à d’autres solutions, qui rencontreraient à la fois un objectif sanitaire mais également de garantir les libertés individuelles. Car en effet, si les confinements ont montré leur limite en termes de gestion épidémiologique, agissant d’ailleurs plus comme un électrochoc (pour reprendre les termes de notre ministre de la santé), ce passe sanitaire n’a, lui, de sanitaire que le nom. En effet, il est de plus en plus clair que le vaccin n’empêche pas la transmission du virus, et, même si on peut discuter sur une possible réduction de la transmission, en fait, cela n’est plus très important à partir du moment où le vaccin diminue efficacement le risque de formes symptomatiques et graves. Il faut intégrer l’idée que le SARS-CoV-2 est là pour rester, mais qu’il ne posera plus de problèmes majeurs envers les personnes à risque qui ont été vaccinées et encore moins pour les personnes sans facteur de risque, vaccinées ou non. Il faut donc pouvoir accepter qu’une circulation du virus est tolérable à partir du moment où nous n’en sommes plus gravement malades. Cela signifie également que les indicateurs traditionnels épidémiologiques auxquels nous nous sommes accrochés, tel que le nombre de positifs via test PCR, sont désormais obsolètes.

Par ailleurs, certains hommes et femmes politiques n’hésitent plus à présenter ce passe sanitaire comme un incitant à la vaccination, certains indiquant qu’il est souhaitable de rendre infernale la vie des non-vaccinés. Pourtant, la vaccination est un acte médical qui demande le consentement du patient. Que devient ce consentement lorsqu’il est arraché par la contrainte psychologique ? Sommes-nous prêts à vivre dans une société qui valorise le harcèlement et la discrimination dans un cadre médical alors que de nombreuses campagnes de sensibilisation tentent justement de lutter contre ces fléaux sociaux ?

Le passe sanitaire introduit un dangereux précédent dans notre société, en distinguant les bons et les mauvais citoyens sur une base fallacieuse. Et pourtant, en posant le faux dilemme du passe ou du confinement, tout le monde choisit allègrement cet outil toxique. Que se passera-t-il si les indicateurs épidémiologiques re-flambent ? Pas de souci, il est prévu qu’on renforcera le contrôle du passe sanitaire, sans se demander pourquoi l’épidémie reprend malgré lui.        

Il est temps de sortir du faux dilemme et de se rendre compte que les deux options sur la table sont aussi imbuvables l’une que l’autre. Si on veut pouvoir continuer à vivre en harmonie dans notre société, ce qui devrait être l’aspiration de tout homme ou femme politique digne de sa fonction, il est grand temps de réfléchir en termes de gestion durable et équitable. D’autres solutions, reconnues bien plus efficaces que le CST, existent.

. On pourrait enfin sensibiliser aux facteurs de risque qui entraînent 80% des hospitalisations, certains patients s’ignorant à risque d’ailleurs, et monter des campagnes de prévention sur l’alimentation dont le rôle semble de plus en plus important.

. La ventilation des locaux est également un point essentiel, qui peut sembler onéreux de prime abord mais peut représenter un investissement face à toutes les maladies respiratoires. Viser le remplacement de l’air d’une pièce plus de 4 fois l’heure (sachant qu’entrouvrir les fenêtres apporte déjà un renouvellement de près de 3 fois par heure), éventuellement combiné à un système de purification de l’air, réduit avec grande certitude la probabilité de transmission virale de plus d’un facteur 10, au contraire d’un CST.

. La généralisation des autotests rapides aussi bien pour les vaccinés que les non-vaccinés, pourrait être un outil efficace, rendant en outre aux citoyens leur autonomie et leur responsabilité.

Tout comme le faux dilemme, la charge mentale d’une personne positive est énorme vu l’implication de la quarantaine et la crainte d’être un danger pour autrui, alors qu’il est établi que les tests PCR sont trop sensibles pour leur utilisation généralisée et qu’un grand nombre de gens sont écartés abusivement. Mettre à disposition des tests rapides qui indiquent uniquement si la personne est contagieuse – seule information en fait utile dans le cadre de la gestion des chaînes de transmission- serait une mesure de bon sens dans toute entreprise ou lieu public de fête. Dans le doute, toute personne pourrait ainsi se tester et s’écarter uniquement si son état de contagion pose un souci. Historiquement, la gestion de l’épidémie du SIDA a d’ailleurs reposé sur la responsabilisation individuelle. Il est Tout comme le faux dilemme, la charge mentale d’une personne positive est énorme vu l’implication de la quarantaine et la crainte d’être un danger pour autrui, alors qu’il est établi que les tests PCR sont trop sensibles pour leur utilisation généralisée et qu’un grand nombre de gens sont écartés abusivement. Mettre à disposition des tests rapides qui indiquent uniquement si la personne est contagieuse – seule information en fait utile dans le cadre de la gestion des chaînes de transmission- serait une mesure de bon sens dans toute entreprise ou lieu public de fête. Dans le doute, toute personne pourrait ainsi se tester et s’écarter uniquement si son état de contagion pose un souci. Historiquement, la gestion de l’épidémie du SIDA a d’ailleurs reposé sur la responsabilisation individuelle. Il est aujourd’hui temps de redescendre de notre état émotionnel de peur afin de pouvoir responsabiliser les gens individuellement, et surtout de stopper ce train fou de la fracture sociétale qui se met en place via un contrôle social de plus en plus intrusif et continu. Et, rien ne garantit qu’il ne sera pas, à l’avenir, étendu à d’autres situations par la reproduction des mêmes stratégies alors même qu’elles n’auraient pas fait leurs preuves.