Suite à la publication sur le blog de CovidRationnel d’une réflexion sur la vaccination anti-Covid-19 des enfants de 5 à 12 ans 1https://covidrationnel.be/2021/12/26/la-vaccination-des-enfants-nest-pas-obligatoire-elle-nest-surtout-pas-necessaire/, Madame Marie Bayle-Normand, PhD, Director R&D Bioethics and Policy, GSK, qui est certainement l’une de nos lectrices les plus assidues et les plus intransigeantes, en a produit un long commentaire par ‘thread’ sur Twitter 2https://twitter.com/mariebayle77/status/1475597405303230471?s=21. Dès lors qu’il nous permet ainsi d’approfondir et d’améliorer cette mise à jour d’une question qui nous semble fondamentale, nous la remercions pour ce travail critique, qui méritait une réponse circonstanciée, nonobstant un certain manque de pondération et d’objectivité tranchant avec les responsabilités et compétences professionnelles de son auteure. Nous rapportons ici son ‘thread’ in extenso, avec nos réponses point par point.
Marie Bayle-Normand : Voici la nouvelle mouture “pas antivax” de @covidrationnel.
CovidRationnel : Tout d’abord, il ne faut pas confondre “antivax” et “dubitatif quant au vaccin anti-SARS-CoV-2”. Il est d’ailleurs fort déplorable que ces deux expressions soient interchangées. On peut être très en faveur de divers vaccins avec des justifications scientifiques sérieuses et par ailleurs faire preuve de prudence et de précaution par rapport à une technologie nouvelle pour laquelle on manque de recul quoi qu’on en dise. En effet, on peut être à présent modérément rassuré sur les effets à court terme des vaccins anti-covid actuels, leurs effets non-désirés existant en nombre apparemment plus élevé que pour les autres vaccins connus. Les conséquences à long terme nécessitent un long terme, par définition. On peut objecter qu’il a été fort rare d’observer des effets de vaccins sur le long terme (et fort heureusement), mais les vaccins contre le SARS-CoV-2 font appel à une nouvelle technologie jamais déployée à une telle échelle. Enfin, l’impact de la vaccination de masse sur l’évolution du virus est difficile à prédire et peut légitimement soulever des inquiétudes. Aucun des membres de CovidRationnel n’est « antivax », c’est un point important sur lequel nous sommes tous explicitement d’accord. D’ailleurs, certains d’entre nous n’arriveraient tout simplement pas à exercer leur métier sans l’apport des vaccins.
MB-N : Cet article est d’autant plus dangereux qu’il n’y a pas eu de communication/campagne sur la vaccination des enfants, peu d’investissement et peu de personnes qui portent le message de vacciner les enfants.
CR : Nous n’avons pas du tout le même sentiment. Il est vrai que la littérature scientifique ne s’est pas trop répandue sur ce sujet, ou avec une certaine prudence (hormis la production de Pfizer). Par contre, le battage médiatique dans la presse généraliste a été intense. Soyons de bonne foi, nous avons tous eu droit à une véritable campagne en faveur de la vaccination des enfants dont nous n’allons pas rappeler une litanie d’exemples, ceux-ci suffiront 3https://www.rtbf.be/info/regions/detail_bruxelles-lance-la-vaccination-des-5-11-ans-des-ce-mercredi?id=10902302, 4https://www.rtbf.be/info/societe/detail_la-france-elargit-la-vaccination-des-5-11-ans-aux-enfants-fragiles-et-a-ceux-qui-cotoient-des-personnes-a-risque?id=10888628, pour réveiller les souvenirs (récents) ! Il s’est même encore fortement accru en raison de l’inquiétude suscitée par la nouvelle domination par le variant Omicron, à propos duquel on commence seulement à admettre qu’à côté de son infectiosité très grande, il puisse être beaucoup moins pathogène que ses prédécesseurs 5https://www.nytimes.com/2021/12/28/health/covid-children-covid.html, 6https://www.lesoir.be/415479/article/2021-12-31/omicron-envoie-davantage-denfants-lhopital-aux-etats-unis-sans-etre-plus-grave.
MB-N : Cette publication est d’apparence sérieuse, sourcée, scientifique. Pas de flagrant délit à 1e vue. Je propose de la regarder en détail des points de vue – scientifique – S (état des connaissances à ce jour), – rhétorique – R (langage utilisé), – format – F (proportionnalité).
La protection individuelle des enfants – S – La ref 4 concerne des études qui ont eu lieu dans la 1e partie 2020. On a bien d’autres données beaucoup plus récentes.
CR : Effectivement, bien que l’article dans ‘Nature’ soit du 4 février 2021, il existe des sources plus récentes. Par exemple celle-ci, provenant du CDC aux USA, datée de novembre 2021 7https://www.cdc.gov/vaccines/acip/meetings/downloads/slides-2021-11-2-3/03-COVID-Jefferson-508.pdf, qui montre que l’incidence des contaminations chez les 5-11 ans a, lors du pic d’octobre 2021, atteint 0,15 %. En termes d’hospitalisations, le pic a atteint 0,001 %. A titre de comparaison, la grippe saisonnière des années 2017-18, 2018-19 et 2019-20 a entraîné, dans la même population, 0,025, 0,027 et 0,030 % d’hospitalisations d’enfants de 5-11 ans, soit 25 à 30 fois plus.
MB-N : De plus, on a vu que les enfants ont été touchés très durement lors de cette 2e partie de 2021.
CR : Nous n’avons pas connaissance de rapports d’études fiables sur ce sujet. Rappelons que l’information qui a largement couru sur la proportion énorme d’enfants hospitalisés avec Omicron à New York 8https://www.cnn.com/2021/12/27/health/covid-kids-hospitals/index.html était une coquille de presse (en fait il ne s’agissait pas du pourcentage d’hospitalisés qui étaient des enfants, mais du pourcentage d’enfants hospitalisés qui l’étaient avec Omicron ! 9https://www.nytimes.com/2021/12/28/health/omicron-kids-hospitalizations.html, https://www.theepochtimes.com/fauci-hospitals-are-overcounting-covid-19-cases-in-children_4187345.html). Bien que les sorties journalistiques tonitruantes aient été démenties, elles ont fortement frappé l’imaginaire collectif et ont même marqué l’esprit de certains scientifiques, apparemment.
MB-N : S – Ref 5: On a des rapports récents qui vont en sens inverse.
CR : Nous serions évidemment très intéressés de pouvoir analyser ces rapports mais ils ne sont pas référencés dans le ‘thread’ de MB-N.
MB-N : R – “Particulièrement réduit”. “Particulièrement” ne signifie rien d’un point de vue scientifique. Et “réduit”, par rapport à quoi?
CR : Notre publication ne s’adresse pas qu’à des scientifiques. Tout le monde comprend « particulièrement réduit ». On peut aussi dire « très faible ». Et, en français, dans le langage courant, le terme « réduit » n’implique pas une relativité.
MB-N : F – Sur la proportionnalité globale de la publication, on n’en fait pas trop sur ce sujet. Surtout le lecteur attentif constatera qu’on ne parle pas ici de protection potentielle des enfants grâce au vaccin, mais uniquement du fait qu’attraper la maladie n’est pas grave.
CR : De quoi devrait-on protéger les enfants si la maladie n’est, dans l’immense majorité des cas, pas grave pour ceux-ci ?
MB-N : Le risque de Covid long – S -Le lecteur averti sera étonné de soudain voir apparaître le sujet du Covid long dans leurs publications. Mais de la 1e à la dernière ligne l’idée est de dire que rien n’est prouvé et d’aller chercher ce qui confirme plutôt que de contextualiser.
CR : Nous avons déjà abordé la question du Covid long dans notre publication de septembre 2021 10 … Continue reading, toutefois avec prudence et circonspection, vu l’incapacité de quiconque, jusqu’à présent, de le définir comme entité clinique, de préciser son étiologie véritable, ses facteurs de risque, en particulier chez les enfants. Un article — certes “grand public” — du Monde 11https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/11/23/pour-science-24-11-covid-long-les-questions-demeurent-nombreuses_6103226_1650684.html#xtor=AL-32280270-%5Bdefault%5D-%5Bios%5D évoque une étude publiée le 8 novembre dernier dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) 12https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2785832 qui, lui-même, soutient l’hypothèse d’une cause psychosomatique pour le COVID long. Il signale également des critiques de cette étude et indique d’autres hypothèses possibles et souligne que le sujet n’est pas clarifié.
MB-N : S – Par exemple, la réf 7 conclut sur le fait que les études sur les covid longs pédiatriques sont rares et mal conçues (pas de groupe contrôle notamment), et que de nouvelles études sont urgemment nécessaires en vue de l’importance en termes de santé publique. Pas relevé ici.
CR : Nous entendons la critique, bien que tout le monde puisse aisément consulter la référence et lire les conclusions. Nous pensions que cette référence suffisait à expliquer que le Covid long 13https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/apa.15673 est une entité clinique extrêmement mal définie 14https://www.clinicalmicrobiologyandinfection.com/article/S1198-743X(20)30750-3/fulltext, 15https://blog.ons.gov.uk/2021/09/16/how-common-is-long-covid-that-depends-on-how-you-measure-it/, voire même mise en question, en particulier chez les enfants asymptomatiques 16https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8575095/, 17https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8575093/, si ce n’est comme pathologie psychosomatique 18https://link.springer.com/article/10.1007/s00408-021-00423-z comme précédemment mentionné. C’est une hypothèse qui fait débat, qui n’est pas réglée et dont le grand public perçoit les échos 19https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/covid-long-une-etude-evoque-le-facteur-psychologique-dans-la-persistance-des-symptomes-1a2599e6-43a5-11ec-8221-cbcea3ca8ebe, mais nous ne voulions pas entrer dans ce débat, précisément pour ne pas l’accentuer sans disposer d’une base scientifique suffisante.
MB-N : S/R – De même l’étude allemande en réf 9 qui semble indiquer un impact du covid long est contre-balancée par un biais bien mis en avant ici. L’étude UK qui suit a des limitations mais… on n’en parle pas (malgré ceci par le 1er auteur) blog.ons.gov.uk/2021/09/16/how…
CR : Nous allons revoir cette partie sur le Covid long, merci pour la remarque. Le terrain est tellement marécageux que nous avions préféré ne pas l’aborder, mais il est vrai que nous pouvons donner une meilleure appréciation de la complexité du sujet. Pour nous et pour le moment, cela ne fera qu’accroître le brouillard sur ce phénomène. Quant à la citation du blog que vous suggérez, elle est effectivement très intéressante, l’auteur y fait remarquer que : « One of the more striking findings from the latest release is the revision to the 12-week prevalence estimate using this approach, from 14% back in April to 3% now. This fall in the prevalence estimate is largely because we know more about participants’ long-term symptoms today than we did then ». Autrement dit, plus on l’examine sérieusement, plus l’incidence du Covid long semble diminuer.
MB-N : F – Oui, on aura été surpris de la soudaine apparition du covid long dans une publication de @covidrationnel. Mais 6 phrases seront suffisantes. Qui se terminent sur le fait qu’il y a débat.
CR : Comme c’est habituel – et sain – pour toute question scientifique nouvelle, il y a effectivement débat et il faut savoir le dire. A ce moment, il faudrait être d’aussi mauvaise foi pour affirmer que le Covid long n’est qu’une illusion psychosomatique que pour affirmer que c’est une entité clinique reconnue, caractérisée et incontestablement liée au Covid. Comme mentionné dans tous les articles sur le sujet, des études rigoureuses sont encore nécessaires avant qu’on puisse se prononcer.
MB-N : L’élimination du virus – S. Comme dans de précédentes publications, élimination et éradication sont confondues, alors qu’épidémiologiquement ce ne sont pas les mêmes concepts (du tout).
CR : L’éradication d’un agent infectieux est la disparition complète et définitive de cet agent de l’ensemble de la planète. Le seul virus réellement éradiqué est la variole. Nous avons utilisé ici le terme élimination à dessein, puisqu’il s’agit de la disparition d’un territoire défini, dans notre propos, la Belgique, puisque notre politique vaccinale ne s’applique qu’à notre pays. Nous maintenons donc bien le terme élimination. Lorsque nous parlons d’éradication dans la dernière phrase de ce paragraphe, c’est bien de la disparition planétaire qu’il s’agit, comme le laissent entendre les instances internationales à propos d’une vaccination universelle (qui est encore loin d’être envisageable). Nous ne pouvons qu’espérer très sincèrement que tout le monde reconnaisse désormais, à tous les niveaux politiques et industriels nationaux et internationaux, que nous ne viendrons pas à bout du SARS-COV-2, quoi que nous fassions en matière de vaccination. Mais pourquoi alors vouloir vacciner toute la population mondiale (avec un vaccin qui n’empêche pas les variants de se transmettre et de contaminer, et qui augmente les risques d’échappement immunitaire par l’apparition de variants résistants), et pourquoi vouloir vacciner la majeure partie de cette population qui n’est pas en risque de développer des formes sévères de COVID ? Nous serions heureux d’obtenir des explications et des références.
MB-N : R – On parle de fait “indiscutable”: la réinfection des personnes vaccinées (“et guéries”, mais juste entre parenthèses, de même que “parfois sérieusement”). L’”utopie” de l’éradication est “rendue impossible”, pour bien en rajouter. Et paf, 5 réfs, dont 3 articles de journaux.
CR : C’est bien ce que nous voulions dire. Il serait difficile de nier aujourd’hui que le fait d’avoir eu le Covid et d’en être guéri n’empêche pas la réinfection, et que d’avoir été vacciné n’empêche pas l’infection. On peut enlever le terme « indiscutable » puisqu’on peut toujours discuter mais ça ne change rien à cet état de fait. Quant aux références d’articles de journaux (au sens sans doute de journaux de presse généraliste ou de vulgarisation), nous rappelons à nouveau que nous n’écrivons pas ici un article destiné à une revue scientifique, même si nos références sont très majoritairement de ce niveau. Il s’agit également de montrer à nos lecteurs que certaines données scientifiques leur sont également rendues accessibles par des médias qu’ils consulteront plus facilement que des revues scientifiques n’étant pas en grande diffusion.
MB-N : F – Là encore cette section est très courte. On aurait pu parler d’endémicité, d’immunité collective (comme dans la réf 17) mais non, on va vite passer à la suite.
CR : Tel n’était pas le sujet principal de la publication. Ceci dit, la référence 17 expose justement fort bien l’endémicité et l’immunité collective. Nous pouvons en ajouter d’autres pour compléter la documentation de nos lecteurs.
MB-N : Point 4 – Titre que Twitter ne permet pas d’être reproduit (trop de caractères), qui souligne bien que ce sont les personnes souffrant d’immunodépression ou de comorbidités qui sont à risque en cas d’infection (ce qui a déjà été débunké X fois).
CR : Le point 4 vise effectivement l’argument qui est toujours présenté pour justifier la vaccination des enfants. S’il a été si bien ‘débunké’, nous sommes curieux de connaître des références fiables à ce propos.
MB-N : R – Il va ici être question de vaccination. Mais pas pour dire qu’elle vous protège, ne serait-ce que partiellement. Non, plutôt pour souligner qu’elle diminue “quelque peu” les risques. F – Ici encore, 5 phrases suffiront (titre non compté).
CR : « Diminue quelque peu les risques », pour nous, équivaut à « protège partiellement ». Et effectivement, il nous semble que 5 lignes (et non 5 phrases) suffisent, suivies par 7 lignes consacrées à l’opinion adverse, pour bien indiquer qu’il y a débat.
MB-N : Le vaccin ne présente pas de danger pour les enfants. – S – La 1e phrase entre dans le vif du sujet en affirmant un fake largement débunké (taux de décès anormalement élevé à la suite de l’administration de ce vaccin). Une réf? Non, pas la peine.
CR : Le taux de décès avec une causalité du vaccin est effectivement mal connu, il est donc actuellement préférable de ne pas l’évoquer, nous amenderons notre document en ce sens. Les risques d’effets indésirables sont, eux, largement établis et repris dans notre texte. Une myocardite ou une péricardite ne sont jamais une banale affection, même si on en guérit, les séquelles à long terme sont imprévisibles.
MB-N : S – Tous les effets indésirables sont mélangés (liés à la vaccination, pas liés, légers, graves, etc.) et on se concentre immédiatement sur les myo- et péricardites sans donner aucun contexte.
CR : Ce qui pèse dans la balance bénéfices/risques, c’est l’ensemble des pathologies suite au virus d’une part et suite à la vaccination d’autre part. Les myocardites étant les effets les plus fréquents pour les vaccins à ARN messager, le Comirnaty en particulier, nous nous sommes concentrés sur elles. Dans un document de la FDA 20https://www.fda.gov/media/154869/download à la page 6, on découvre, à propos du vaccin de Pfizer, injecté en 3ème dose à 78 individus âgés de 16 à 17 ans, qu’un cas de myocardite été signalé. Il y avait donc 78/2 = 39 volontaires dans le groupe expérimental, ce qui amène ce signalement à 1 cas de myocardite sur 39 adolescents ayant reçu une 3ème dose. Bien sûr, ce cas pourrait ne pas être lié à la vaccination, mais avec un cas suspect sur 39, la plus élémentaire prudence aurait dû s’imposer avant de conclure à l’absence de danger. Nier cela relève d’une incompréhensible confiance, dangereuse à nos yeux.
MB-N : R – A ce point, il n’est plus nécessaire d’écrire puisque vont juste être cités, sous le titre évocateurs “les soucis d’ordre cardio-vasculaire”, 16 articles, les uns après les autres, les titres étant si éloquents.
CR : Il nous semblait effectivement inutile de commenter. Ces problèmes sont minimisés dans les campagnes de communication sur les vaccins, il nous paraissait donc tout-à-fait justifié de montrer leur existence, et de permettre à toute personne intéressée de consulter les références mentionnées. En outre, cette liste s’allonge quasi quotidiennement. Nous pourrions même la compléter.
MB-N : F – 16 articles qui détaillent des événements post vaccinaux dont la plupart sont déliés de ladite vaccination,
CR : Nonobstant une légitime prudence des auteurs, aucun n’affirme que les événements ne sont pas liés. Ils disent, et c’est fort bien, que la causalité n’est pas démontrée. C’est très différent.
MB-N : “La littérature scientifique sur ce sujet précis est abondante” nous a-t-on prévenu en début de liste. R – @covidrationnel ne “néglige pas la controverse” (laquelle??)
CR : Notre objectif était de préciser que nous faisions place aux éléments qui vont dans l’autre sens, que nous ne voulions pas les escamoter. Et c’est ce qui alimente la controverse. Il y a sans doute une meilleure manière d’exprimer cela. Nous allons revoir.
MB-N : Sont cités également “divers articles [qui] suggèrent” un risque/bénéfice favorable avec 5 articles (CDC, OMS, ANSM). – F – Et de continuer avec une 3ème liste de questions autour de la controverse, et de conclure avec : “Sans pouvoir trancher définitivement quant aux risques d’affections cardiaques chez les jeunes vaccinés, la controverse étant encore très vive”. Mmmm la FDA et l’EMA ont tranché: on vaccine les petits US à tour de bras et les EU commencent. Et d’enchaîner sur les thromboses…
CR : Il est évident que si les vaccinations des 5-11 ans commencent, la FDA et l’EMA ont donné leur feu vert. Ceci n’éteint pas du tout le débat. Et, à ce propos, nous serions ravis de pouvoir étudier les données sur la base desquelles l’EMA a remis son avis favorable pour la vaccination des enfants de 5 à 11 ans… Si toutefois elles sont accessibles, car rappelons tout de même que de très nombreuses tables et donnéesont été masquées par une couverture noire dans le rapport de l’EMA.
MB-N : F – Parce que le principe 5 sur les dangers, en termes de longueur, comment dire… contient 4 sous-sections sur les “soucis” engendrés chez “nos” jeunes par la vaccination. Ca fait 4 bonnes pages à dérouler.
CR : Nous sommes ouverts à toute suggestion sémantique pour modifier “soucis” et “nos jeunes”. Par ailleurs, l’importance des thématiques ici abordées justifie à nos yeux la longueur de l’exposé.
MB-N : N’y aurait-il pas là une évidente disproportion dans le poids accordé à chaque principe et que les “soucis” sont largement mis en avant à ce point?
CR : C’était bien l’intention. La presse abonde d’arguments inverses. Notre souhait, avec ce texte, était d’informer le public à propos de ce qui est omis habituellement.
MB-N : R – En termes de langage, on finit même par lire “effets secondaires” et non plus indésirables (qui est le terme consacré).
CR : Merci pour cette remarque, utilisons le terme consacré, en effet.
MB-N : S – On trouve aussi de grosses généralités pas du tout anxiogènes (et surtout pas étayées par les faits) comme ici :”ordre neurologique, oncologique, infectieux (zona), hormonaux”.
CR : Effectivement. Nous ajouterons donc les références concernant les problèmes d’ordre neurologique 21https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/03000605211056783, 22 … Continue reading, 23https://www.scienceboard.net/index.aspx?sec=ser&sub=def&pag=dis&ItemID=2113 , 24https://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(21)00076-1/fulltext, 25https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2779389, oncologique 26https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmed.2021.798095/full, 27https://www.canceraustralia.gov.au/covid-19/research-articles/covid-19-vaccines-and-cancer-articles, infectieux (zona) 28https://academic.oup.com/rheumatology/article/60/SI/SI90/6225015, et hormonaux 29https://www.bmj.com/content/374/bmj.n2211, 30https://covid19.nih.gov/news-and-stories/covid-19-vaccines-and-menstrual-cycle, 31https://www.news-medical.net/news/20211015/Study-finds-menstrual-bleeding-changes-after-SARS-CoV-2-vaccination.aspx, 32https://www.news-medical.net/news/20211126/Prevalence-of-menstrual-changes-following-vaccination-against-COVID-19.aspx.
MB-N : Et on parle d’”expérimentation massive”.
CR : Tout le monde sait que les données de sécurité et d’efficacité à long terme de l’essai du vaccin Comirnaty (Pfizer) chez les 5-11 ans ne seront pas disponibles avant 2023. Bien que les données sur l’innocuité et l’efficacité à court terme soient présentées comme rassurantes, elles n’ont été testées que sur une petite cohorte d’enfants, 1.131 enfants ayant reçu le vaccin 33https://www.pfizer.com/news/press-release/press-release-detail/pfizer-biontech-announce-positive-topline-results-pivotal. Ceci date d’avril 2021, s’il existe des données plus récentes et si elles sont accessibles, nous sommes intéressés de les connaître et de les analyser.
Ce vaccin est l’un des plus rapides à être développé et déployé, puisqu’il a pris moins d’une année. Avant lui, l’approbation la plus rapide était de quatre ans. Pour la plupart des vaccins, il faut en moyenne dix à quinze ans entre le développement et l’approbation de l’utilisation clinique 34https://www.historyofvaccines.org/content/articles/vaccine-development-testing-and-regulation. Certains diront que la technologie était mûre pour être distribuée, mais il n’empêche qu’elle n’a quand même jamais été déployée à grande échelle ni avec une longue durée d’observation.
Souvenons-nous également de la pandémie de grippe de 2009, pour laquelle le développement et l’approbation accélérés d’un vaccin n’ont pris que 5 à 6 mois après l’identification du nouveau virus 35https://www.who.int/news/item/06-08-2009-pandemic-influenza-vaccine-manufacturing-process-and-timeline. Le vaccin a ensuite été administré à grande échelle, jusqu’en 2011-12, date à laquelle les données sur l’innocuité et l’efficacité à long terme ont été disponibles – des études ont alors indiqué que le vaccin provoquait des taux inacceptables de narcolepsie 36https://sciencenorway.no/forskningno-norway-vaccine/norwegian-study-links-flu-vaccine-to-narcolepsy-risk/1444067, entraînant la destruction de vaccins d’une valeur de plus d’un milliard de dollars 37https://www.dw.com/en/germany-to-destroy-expensive-unwanted-swine-flu-vaccine/a-15324186, 38https://healthland.time.com/2010/07/01/some-40-million-doses-of-h1n1-vaccine-to-be-destroyed/, 39https://www.independent.co.uk/life-style/health-and-families/netherlands-destroying-17-million-swine-flu-vaccine-doses-2038287.html.
Un exemple plus ancien s’est produit lors de l’épidémie de grippe porcine de 1976 sur la base militaire américaine de Fort Dix. Un mort et 230 malades. Un vaccin a été développé à la hâte et distribué à environ 22 % de la population américaine, provoquant 25 décès et plus de 500 cas de paralysie. 40https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20231159/.
On peut également évoquer la mésaventure catastrophique de la vaccination contre la fièvre dengue aux Philippines 41https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0264410X20308823. Le virus de la dengue est, comme le SARS-CoV-2, un virus enveloppé à ARN de polarité positive et les effets indésirables (infections « breakthrough » graves) se sont manifestés chez un millier d’enfants (0,0125%) plusieurs années après la vaccination 42https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(19)32525-5/fulltext. On a pu attribuer le drame à un phénomène dit d’amplification de l’infection due aux anticorps, imprévu en raison du manque de recul 43https://www.proquest.com/openview/115dcd841642833db6139f7b0641e5bb/1?pq-origsite=gscholar&cbl=2043523. Une nouvelle version de ce vaccin a été développée depuis lors 44https://link.springer.com/article/10.1007/s00103-019-03060-3.
Il est donc difficile d’éviter le terme d’expérimentation, à propos de la vaccination anti-COVID et pour celle des enfants en particulier, pour lesquels on sait que l’infection ne présente pas de danger (sauf exception rarissime et comorbidités flagrantes).
MB-N : La dose spécifique aux enfants. – S – Pas grand chose à dire en soi alors on fait entrer Omicron dans le jeu. Jusqu’ici bien absent dans cette publication, il trouve à présent sa place pour évoquer une efficacité vaccinale mauvaise contre ce nouveau variant (sans réf).
CR : Qu’en dire ? Une dose réduite 45https://www.pei.de/EN/newsroom/hp-news/2021/211210-comirnaty-children-important-information.html semble logique si on s’accorde à vacciner les enfants. Personne ne sait si cette réduction sera adéquate, il n’y a donc rien à en conclure avant la fin de l’expérimentation. Quant à Omicron, nous ne le faisons pas entrer dans le jeu, il y entre très bien tout seul.
MB-N : R – Le doute est semé. Ne s’appuyant sur aucune donnée scientifique. L’évocation de la 5e dose est là et sans doute beaucoup sont en train de se dire qu’il est hors de question d’administrer une 5e dose à leurs enfants.
CR : Combien de références scientifiques faut-il donc présenter pour être ne fût-ce qu’un peu entendu ?
MB-N : La balance bénéfice/risque pour les enfants – S – La réf 57 est manquante.
CR : Merci pour la remarque, c’est une erreur typographique, elle est déjà corrigée.
MB-N : Surtout il semble que @covidrationnel n’a pas consulté ni le site de la FDA, ni celui de l’EMA, qui disent justement que le profil est favorable.
CR : Il est bien évident que nous les avons consultés, ils sont à la base de la couverture médiatique annonçant la vaccination des 5-11 ans en Belgique. Ces organismes donnent en effet une série d’informations plutôt inquiétantes ou, à tout le moins, apportant des éléments d’incertitude, mais tirent des conclusions très positives, disons anesthésiques, ce qui est assez surprenant. Nous allons les ajouter, pour la bonne objectivité : https://www.fda.gov/news-events/press-announcements/fda-authorizes-pfizer-biontech-covid-19-vaccine-emergency-use-children-5-through-11-years-age ; https://www.fda.gov/media/153717/download ; https://www.ema.europa.eu/en/news/comirnaty-covid-19-vaccine-ema-recommends-approval-children-aged-5-11. Il est précisé ici que « Les données d’essais cliniques soumises par la société [Pfizer] dans la demande d’extension d’indication pédiatrique seront publiées sur le site des données cliniques de l’Agence en temps voulu » et « Bien qu’un grand nombre de personnes aient déjà reçu des vaccins COVID-19, certains effets indésirables peuvent encore apparaître alors que de plus en plus de personnes reçoivent le vaccin ». Certains semblent considérer que c’est normal, nous trouvons que c’est précipité.
MB-N : R/F – La profusion des sources pour asseoir que l’immunité “naturelle” est meilleure que la “vaccinale” (termes dont tous les experts s’accordent qu’il ne faut pas les utiliser) est juste caricaturale.
CR : Il s’agit d’une opinion personnelle. Tantôt on nous reproche de trop sélectionner nos sources, tantôt, quand on en donne beaucoup, cela deviendrait tendancieux… Un très grand nombre d’affirmations sur le fait que l’immunité naturelle serait peu efficace et peu durable émane de journaux non-scientifiques. La répétition incessante de cette notion a une grande influence sur le public mais également sur la communauté scientifique médicale. Il est donc important de presenter de nombreuses observations publiées dans la littérature scientifique pour rectifier cette notion apparemment fausse.
MB-N : Dire que les “enfants et les jeunes sont en sécurité” paraît très dangereux, notamment alors que les derniers rapports laissent penser qu’Omicron est très pathogène dans cette population.
CR : Dire que le vaccin les met en sécurité nous paraît au moins aussi dangereux si l’on ne dispose pas d’une documentation officielle et fiable qui indique sans ambiguïté que, pour les moins de 20 ans, le rapport bénéfice/risque est favorable à la vaccination. Cette documentation doit en outre bien préciser de quel vaccin il s’agit et tenir compte d’un reporting des effets et d’un recul temporel suffisant pour écarter tout effet indésirable à long terme. Quant à Omicron, nous préférons attendre que les informations scientifiques sur son degré réel de pathogénicité se précisent avant de commenter.
MB-N : On en arrive à la conclusion. – S – Il reste toujours étonnant que de nouveaux concepts soient amenés, tel l’innovation, le principe de précaution, l’éthique.
CR : En quoi seraient-ce de nouveaux principes? La vaccinologie se trouve constamment en face de ces concepts : innovation sans aucun doute, mais également éthique et principe de précaution. Le développement de vaccins joue sur le fil, le plus souvent, sinon on n’avancerait jamais mais jusqu’ici, il respectait certaines barrières, filtres et freins. Dans la crise qui nous occupe, beaucoup ont admis qu’on pouvait faire fi de précautions réputées inviolables auparavant. Il paraît légitime de s’en étonner et de poser des questions.
MB-N : F/R – En gras, en majuscules. Ça doit faire plus sérieux. Le ton est assertif avec des termes comme “doit”, “contraire”, “ne fut-ce que”, “aucun”, “systématique”…
CR : Il est vrai que nos conclusions étaient un peu « flashy », nous en avons revu la typographie. L’objectif était uniquement de permettre au lecteur “pressé” d’identifier rapidement le résumé du propos. Quant au style, nous sommes bien d’accord qu’il ne s’agit pas ici d’un article de revue scientifique : nous nous imposons une rigueur scientifique mais nous nous permettons un style qui ne fasse pas perdre pied à tout lecteur non-spécialisé.
MB-N : Après la conclusion, il y en a encore (oui, oui). Je ne citerai que l’aspect rhétorique de la phrase: “Il est donc décidé de faire courir un risque indéterminé à l’enfance du pays sur base de l’hypothèse mythique de l’éradication du virus”.
CR : C’est effectivement notre sentiment intime et notre conclusion. Nous pourrions retourner la critique aux conclusions de certains qui, sans réellement savoir, se répandent dans la presse avec des affirmations non-vérifiées, non documentées et à prendre comme telles. Suite à un exposé que nous avons voulu objectif et mesuré (ce que la critique constructive nous permet d’encore accentuer), il est normal que nous donnions notre opinion.
MB-N : Voilà. Ceci est un article dangereux.
CR : Cette assertion n’est qu’une critique péremptoire. Que cet article soit dangereux n’est évidemment pas notre avis. Si avertir les gens que l’invitation insistante qui leur est faite ou qui est faite à leurs enfants présente des risques, est une attitude dangereuse, que dire de leur asséner la croyance qu’il n’y a aucun danger ? Cela équivaut, en fait, à évacuer le doute, ce qui n’est pas scientifique et ne rend pas complètement éclairé un consentement qui devrait l’être.
Dernière petite remarque : nous avons noté les reproches d’imprécision ou de partialité dans le choix de nos références, mais nous nous permettons de souligner que des références, nous en donnons et elles sont bien réelles et consultables. Cette discussion nous aura permis d’enrichir davantage notre documentation et de mieux l’équilibrer, mais nous déplorons n’avoir reçu aucune référence à la source des affirmations et critiques ainsi énoncées. On peut lire dans le ‘thread’ : “on a des rapports récents qui vont en sens inverse”, “vous allez chercher ce qui confirme plutôt que de contextualiser”, “ce qui a déjà été débunké X fois”, “un fake largement débunké”, etc. sans qu’aucune source ne soit jamais citée. Il est évidemment très regrettable de lancer de telles affirmations péremptoires sans un socle rigoureux sur des sujets aussi sérieux.
Notes