Brève revue biaisée (*) – et ‘cherry-picked’ assumée – de la littérature scientifique récente dont on ne parle pas par ailleurs. Un point commun entre ces différents articles est qu’ils rappellent des notions de base bien connues avant 2020 concernant les virus respiratoires et la gestion de leurs épidémies. Nous souhaitons les confronter aux mesures qui ont été prises dans le cas du SARS-CoV-2, et à leurs effets. Nous soulignerons ici quelques-uns de leurs apports principaux en ce sens et laisserons nos lecteurs se forger leur propre opinion.
(*) : Le terme (« biaisé ») est ironique et volontairement provocateur, afin de provoquer le débat. Il indique que nous avons sélectionné des articles d’une qualité incontestable et qui, n’allant pas dans le sens voulu par le narratif dominant, ne sont que très rarement cités, voire pas du tout, ou des articles qui opèrent un revirement considérable par rapport aux concepts qui ont dominé le champ scientifique durant la crise sanitaire de 2020-2022/23.
Épisode nº13
« Viral emissions into the air and environment after SARS-CoV-2 human challenge: a phase 1, open label, first-in-human study » Jie Zhou et al., Lancet Microbe, Août 2023 – https://www.thelancet.com/journals/lanmic/article/PIIS2666-5247(23)00101-5/fulltext
Dans cet article, publié dans l’un des plus grands journaux scientifiques du domaine, l’objectif des chercheurs de grandes universités anglaises est d’étudier les corrélations entre les émissions virales, la charge virale dans les voies respiratoires supérieures et les symptômes de volontaires qui ont été infectés, expérimentalement et sous contrôle, par le SARS-CoV-2.
Dans cet objectif, entre mars et juin 2021, 36 jeunes adultes en bonne santé ont été sélectionnés. Ils n’étaient pas vaccinés contre la Covid-19, n’avaient pas été infectés auparavant par le SARS-CoV-2 et on ne détectait pas d’anticorps spécifiques du virus dans leur sang 1Il s’agit de femmes et d’hommes âgés de 18 à 30 ans, sans facteurs de comorbidité, dont le risque absolu personnalisé (calculé au moyen du logiciel QCOVID) d’hospitalisation était … Continue reading. Une dose infectieuse de la souche initiale du virus (avant la survenue du variant Alpha à l’automne 2020) leur a été inoculée dans des gouttes nasales. Les participants sont restés en chambre individuelle pendant un minimum de 14 jours. Chaque jour, des échantillons ont été prélevés dans leur nez et leur gorge, dans l’air de leur chambre, sur diverses surfaces et sur leurs mains, ainsi que sur un masque porté une heure par jour. Tous ces échantillons ont été analysés par des tests PCR, par des tests antigéniques rapides et par des tests de mise en culture 2voir par exemple : https://covidrationnel.be/2021/05/28/pour-une-strategie-de-depistage-efficace-et-objective-des-personnes-susceptibles-de-transmettre-le-sars-cov-2/ . Ces volontaires ont enregistré personnellement trois fois par jour l’apparition éventuelle de symptômes.
Les résultats confirment, de manière transversale pour le SARS-CoV-2, des observations déjà bien connues pour d’autres virus respiratoires, par exemple :
• seule la moitié des participants exposés au virus a été infectée (un test au moins était positif) tout en restant asymptomatique ou présentant des symptômes légers à modérés après une période d’incubation de quelques jours ;
• les tests antigéniques rapides détectent réellement la période de contagion quand le virus est excrété activement . Seulement 7% des émissions semblent pouvoir se produire avant que les personnes ne ressentent des symptômes et moins de 2% avant un test rapide positif ;
• aucune trace de SARS-CoV-2 n’a été détectée dans les prélèvements d’air effectués avant qu’un participant ne montre un test rapide positif, (ce participant pouvant avoir été positif par PCR auparavant) ;
• aucun prélèvement sur une surface n’a montré de virus viable avant que le test rapide ne soit positif, excepté un intérieur de masque pour un participant un jour avant un test rapide positif.
L’analyse en profondeur des résultats de l’article (ainsi que des données annexes 3L’ensemble des données est disponible en ligne : https://www.thelancet.com/cms/10.1016/S2666-5247(23)00101-5/attachment/677714d9-1c00-46e0-8ad3-cf765bc85428/mmc1.pdf) est très éclairante sur quelques détails cruciaux:
– la figure 2 montre que, très peu d’échantillons récoltés sur des surfaces ou sur des masques sont positifs quand ils sont mis en culture; ceci signifie que le virus y est rarement viable et donc que les risques de contagion par ces voies sont limités ;
– les figures S1, S2 et S5 montrent que dans les prélèvements nasaux, il y a systématiquement près de 10.000 fois moins de souches virales viables en culture que de traces génétiques détectées par les tests PCR ;
En conséquence, les observations de l’article sont édifiantes quant aux décisions non-scientifiques prises dans la gestion de la crise Covid et que nous avons toujours dénoncées :
– les tests PCR ne doivent absolument pas être utilisés pour déclarer qu’une personne est contagieuse et l’obliger à s’isoler, si le critère de contagiosité potentielle n’est pas calibré sur la charge virale réellement infectieuse. Les tests antigéniques (qui étaient disponibles dès 2020) remplissent parfaitement ce rôle (de manière bien plus efficiente que les tests PCR, c-à-d. ici bien plus rapidement et à moindre coût, revoir la note 2) ;
– si la sensibilité du test PCR en fait un outil exceptionnel pour la détection de traces infimes du génome viral, son utilisation massive a contribué à surestimer très largement le nombre de cas réellement contagieux ainsi que le nombre de personnes réellement hospitalisées, voire décédées de la COVID-19. Ces erreurs d’interprétation des résultats des tests PCR ont contribué à ‘polluer’ un grand nombre d’analyses et de publications scientifiques concernant la syndémie.
– l’utilisation de la PCR a, de plus, énormément exagéré le rôle des asymptomatiques dans la propagation épidémique. Elle a, par conséquent, généré un coût important pour la société, aussi bien en intervention de la sécurité sociale qu’en absentéisme forcé. Son utilisation pour en faire un détecteur de contagiosité s’est clairement révélée abusive à tous niveaux, y compris légal.
Finalement, citons les auteurs : « […] la muqueuse nasale est la cible clé des interventions qui visent à bloquer la transmission, comme par exemple les sprays nasaux antiviraux ». Hormis le lavage des mains qui reste utile pour se prémunir des virus respiratoires en général (et plus largement des infections bactériennes) et la ventilation adéquate des locaux fermés pour éviter leur accumulation dans l’air intérieur, les interventions qui n’agissent pas sur les muqueuses respiratoires ne sont que très faiblement (voire pas du tout) efficaces pour empêcher la transmission de ces pathogènes.
Notes
↑1 | Il s’agit de femmes et d’hommes âgés de 18 à 30 ans, sans facteurs de comorbidité, dont le risque absolu personnalisé (calculé au moyen du logiciel QCOVID) d’hospitalisation était inférieur à 1 pour 4902 et de décès du Covid était inférieur à 1 pour 250.000 respectivement. Voir aussi https://covidrationnel.be/2022/02/18/pharmacovigilance-et-balance-benefices-risques/#f+1745+2+42 (février 2022) |
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↑2 | voir par exemple : https://covidrationnel.be/2021/05/28/pour-une-strategie-de-depistage-efficace-et-objective-des-personnes-susceptibles-de-transmettre-le-sars-cov-2/ |
↑3 | L’ensemble des données est disponible en ligne : https://www.thelancet.com/cms/10.1016/S2666-5247(23)00101-5/attachment/677714d9-1c00-46e0-8ad3-cf765bc85428/mmc1.pdf |